La Bible : le conte est bon ?

Aujourd'hui commence le mois de la Bible, une heureuse initiative de l'Alliance Biblique Française, des éditions Bibli’O et du Syndicat des Libraires de Littérature Religieuse. Sur le site Internet de l'événement, il est possible de télécharger un livret, très bien fait, qui répond aux questions de base sur la Bible : Qu'est-ce que c'est ? Pourquoi autant de versions ? Comment choisir sa Bible ? On trouve à la fin de ce livret trois courts témoignages (un protestant, un catholique et un orthodoxe) à propos de la Bible et j'imagine que le témoignage protestant, de François Clavairoly, président de la Fédération Protestante de France, pourrait bien faire réagir les lecteurs évangéliques : « Le récit biblique est une épopée, un immense roman. Il est un conte pour adultes. »

Même si aujourd'hui plus qu'hier la plupart des évangéliques ont assimilé le fait qu'on ne peut pas se contenter d'une lecture littérale, au pied de la lettre, de la Bible, et qu'il faut au moins tenir compte des genres littéraires variés qu'on y trouve, je pense que beaucoup auront du mal à employer des termes comme épopée, roman ou conte pour évoquer la Bible. Et pourtant...

L'intérêt de ces termes est qu'ils mettent en premier le sens du récit plus que son historicité. Bien-sûr, quand la Bible insiste sur la réalité historique d'un événement, il faut le considérer comme tel. L'exemple type est celui de la résurrection du Christ. Non seulement les évangiles soulignent les nombreux témoignages et les signes concrets de la résurrection du Christ mais l'apôtre Paul dans sa première épître aux Corinthiens affirme avec force : « si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi votre foi. » (1 Co 15.14)  La résurrection du Christ n'est pas un conte !

Mais il me semble que le souci des évangéliques (leur réflexe, devrais-je dire) de vouloir toujours défendre l'historicité de la Bible, dans chacun de ses récits, dans ses moindres détails, est contestable. Il relève d'une approche littéraliste... Certes, l'approche historico-critique, découpant scientifiquement le texte biblique en différents strates successives, peut conduire à vider la Bible de sa sève par une étude clinique. Mais l'approche littéraliste nivelle regrettablement le texte biblique, et lui enlève aussi toute sa saveur et sa richesse.

On le dit souvent, la Bible n'est pas un livre mais une bibliothèque. L'épopée et le conte y ont leur place ! Comme le chant, le poème, la lettre, la prédication, la parabole, l'allégorie, les textes législatifs, la prière, et bien d'autres formes littéraires encore...

Cela n'enlève rien à l'inspiration des Ecritures. Bien au contraire ! Je crois que la Bible est la Parole de Dieu. Mais le fait qu'elle nous soit parvenue sous cette forme, dans toute sa richesse littéraire, témoigne bien d'un Dieu qui vient à notre rencontre et nous rejoint jusque dans nos cultures.

Je ne pense pas que la Bible ait besoin ni d'être déconstruite ni d'être défendue. Elle a besoin d'être lue, et méditée. Alors vive le mois de la Bible !

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Pour plus d'informations sur le mois de la Bible, consultez le site Internet dédié : http://www.moisdelabible.fr/. Vous y trouverez des informations, des ressources, la liste des librairies participantes.  

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