A propos du documentaire "Les évangéliques à la conquête du monde"

 

Le mardi 4 avril à partir de 20h55, Arte diffusera les trois volets d’une série documentaire intitulée “Les évangéliques à la conquête du monde”. La série est toutefois déjà accessible en ligne sur le site www.arte.tv. Même si certaines images et certains propos font mal au protestant évangélique que je suis, et malgré quelques bémols, il faut reconnaître que le documentaire est très bien produit et réalisé, très documenté, et ouvre un débat nécessaire. 

Mais tout d'abord, pourquoi ce titre racoleur et globalisant ? Il prête le flanc à tous les raccourcis et donne à penser que le documentaire va encore présenter les évangéliques de la façon caricaturale et sans nuance dont on a l’habitude de les voir dans les médias en France. Les deux premières minutes du premier épisode ne m’ont d’ailleurs guère rassuré… avec ces fameuses images habituelles qui m’agacent, sur fond de musique qui fait peur.

Mais il ne faut pas s’arrêter là et continuer de regarder, la suite en vaut la peine. En effet, lorsqu’on en vient à présenter les évangéliques, leurs origines dès la Réforme au XVIe siècle et leurs principales caractéristiques, le ton change. On comprend ensuite que la démarche est avant tout historique, et défend la thèse - intéressante - selon laquelle il y a, dès le début de son histoire, deux évangélismes. L’un est ouvert, pluraliste et progressiste, avec par exemple la figure historique de Roger Williams, ardent défenseur de la liberté religieuse et de la séparation entre la religion et l’Etat. L’autre est rigoriste et conservateur. C’est cet évangélisme-là qui sera au coeur du récit, racontant son nouvel essor en Amérique dans l’immédiat après-guerre, puis son expansion globale, ses collusions avec le pouvoir politique et, plus récemment, avec le nationalisme. 

Un personnage traverse l’ensemble des trois épisodes, et est au coeur du premier volet : Billy Graham. Certes, le documentaire écorne un peu l’image de cette icône de l’évangélisme, en soulignant les dimension politiques de ses “croisades” à travers le monde, au temps de la Guerre Froide, sa proximité avec la Maison Blanche et même son amitié avec Nixon… du moins jusqu’au Watergate, où il se sentit trahi et à partir duquel il prit ses distances avec le monde politique. Mais le documentaire évoque aussi son refus de la ségrégation dans ses rassemblements, et finalement ses distances prises avec la politisation de l’évangélisme et les méthodes de la “majorité morale”. 

Le deuxième épisode est centré sur Donald Trump et Jair Bolsonaro, et raconte le glissement inexorable d’un mouvement religieux vers un mouvement politique, qui a choisi la question de l’avortement comme cheval de bataille pour rallier ses troupes. J’ai trouvé que c’était le meilleur épisode, avec notamment le témoignage de quelques évangéliques d’alors, ayant pris aujourd’hui leur distance voir même étant entrés en résistance. C’est le cas de Frank Schaeffer (fils de Francis Schaeffer, théologien évangélique bien connu) qui évoque la façon dont il a alors réalisé des films pour les campagnes anti-avortement de la fin des années 70, qu’il décrit aujourd’hui comme des films de propagande à visée politique dont il a  honte. Ou Robert Schenk, pasteur activiste de la majorité morale dans les années 80-90, évoquant les méthodes manipulatrices qu’il utilisait alors, jouant sur les peurs. Tout cela a fini par conduire à l’élection de Donald Trump aux USA puis de Jair Bolsonaro au Brésil. J’ai trouvé cet épisode passionnant… et effrayant. Il décrit en effet le processus d’une véritable trahison de l’identité évangélique, par une recherche de pouvoir et une collusion coupable avec le monde politique, souvent accompagnées d’une prospérité financière indécente. 

C’est finalement le troisième épisode que j’ai un peu moins apprécié. Non pas pour sa première partie qui décrit la réalité américaine d’un nationalisme évangélique inquiétant, avec ses relents de suprémacisme blanc. Mais plutôt lorsqu’il élargit la perspective, avec des aller-retour entre l’Amérique et l’Europe, en passant par la France et la Hongrie, des images qui se télescopent, sans véritable transition, et qui n’échappent pas à certains raccourcis voire des amalgames. Même si, évidemment, certaines images, bien réelles, interrogent et font froid dans le dos. 

Une question soulevée dans ce troisième épisode est toutefois intéressante, celle de l’appropriation du terme “évangélique” par les seuls évangéliques conservateurs, politiques et nationalistes. Faut-il, pour les autres, changer de nom ? Certains l’ont fait, d’autres y pensent… plusieurs choisissent de s’appeler aujourd’hui post-évangéliques. 

Il y a là de vraies questions à se poser et que nous ne devrions pas éluder, en tant que protestants évangéliques, dans notre contexte français et européen. Comment se définit, aujourd’hui, l’identité évangélique ? Comment se désolidariser et condamner fermement toute forme de politisation de l’évangélisme et toute collusion avec l’extrême droite et le nationalisme ? Comment promouvoir un évangélisme progressiste, d’ouverture et de liberté, tout en assumant pleinement une proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ? Car cet évangélisme existe, partout dans le monde, y compris en France...

Il est urgent de se poser ces questions, pour ne pas laisser le nom d’évangéliques à ceux qui, finalement, pervertissent l’Evangile !

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Les évangéliques à la conquête du monde, 
un documentaire réalisé par Thomas Johnson, écrit par Thomas Johnson et Philippe Gonzalez
Trois épisodes de 52 minutes, diffusé le 4 avril à partir de 20h55 sur Arte et disponible sur www.arte.tv. 

Commentaires

  1. La question est comment on se définit en tant qu enfant de Dieu, par ces temps qui annonce la venue du Seigneur nous devons choisir où nous nous situons. On ne peux pour plaire au monde faire la confusion. Évangéliste protestant etc. ce n est plus d actualité. Quand on affirme une idée c est toujours politique. Mais nous devons rester dans la Parole ce qui a été le sujet de la réforme. Ne décevons pas nos pères de la foi qui ont sacrifié leur vie pour l amour de notre Seigneur et de sa Parole. Notre Seigneur est le même encore de nos jours

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    1. Le documentaire parle des évangéliques, c'est donc bien la question de l'identité évangélique qui se pose. Quant à la confusion, je pense avoir écrit assez clairement de quel côté elle se trouve, selon moi !

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  2. Bonjour M. Miéville,
    J'ai regardé les 3 documentaires, et je vous merci pour votre commentaire que je trouve pertinent et je pense avez fortement raison sur les premières appérenhsions quand spectateur peut avoir. Votre synthèse est très bonne et vos questionnements finales très fines.
    Mais j'avoue être surpris par votre critique sur le 3ème documentaire, non que ce soit le documentaire que vous ayez le moins appréciez. C'est une question de gout, mais j'aurais aimé que vous développiez votre phrase : "Mais plutôt lorsqu’il élargit la perspective, avec des aller-retour entre l’Amérique et l’Europe, en passant par la France et la Hongrie, des images qui se télescopent, sans véritable transition, et qui n’échappent pas à certains raccourcis voire des amalgames". M. Philippe Gonzalez est avant tout un sociologue des médias et de la communication (sa spécialité première) et je ne pense pas qu'il aurait laissé le documentaire comme ça s'il y avait des raccourcis et des amalgames... Peut-être que des détails vous ont échappés au 1er visionnage, mais je n'ai personnellement pas resenti la même chose. J'ai vu beaucoup de cohérence et de discipline quand à juxtaposé les différents sujets dans les différents continents.
    Merci encore pour votre commentaire et salutations
    Serxius Nunes

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    1. Merci pour votre commentaire ! En fait, ce qui m'a un peu dérangé dans le 3e épisode, c'est le montage d'une partie de l'épisode qui peut conduire à certains raccourcis ou amalgames. Je ne pense pas que le documentaire lui-même fasse des amalgames, au contraire ! Mais en passant un peu rapidement, en quelques minutes à peine, des USA à l'Europe, et en Europe de la France à la Hongrie, le spectateur pourrait lui-même faire des raccourcis et des amalgames. En fait, un quatrième volet, centré sur l'Europe et autour des nationalismes chrétiens (y compris parmi les évangéliques mais pas que) serait intéressant !

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  3. Nous allons voir la suite... Pour l'instant je n'ai vu qu'un épisode mais déjà on comprend bien que les auteurs du reportage ne sont pas à l'aise avec ce mouvement. Le manque de perspective objective est notoire et le sujet abordé l'est de manière un peu naive, voire simpliste, avec des raccourcis évidents. A la fin de cette première partie on apprend un peu d'histoire de ce mouvement sans plus. A-t-on essayé de répondre à la question "pourquoi est-ce que ce mouvement prend autant d'importance?". Les seules réponses données sont tellement caricaturales qu'elles ont de peine à être crédibles. Il est vrai qu'il est difficile de traiter un tel sujet. Ça demande un peu de profondeur. Dommage que les auteurs (Johnson & Gonzales) en aient peu eu lors de ce reportage.

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    1. Je vous trouve très sévère à l'égard du documentaire que je trouve, pour ma part, et même si j'ai quelques réserves et que je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce qui est dit, bien documenté et pertinent.

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    2. L'angle avec lequel est abordé le sujet ne l'est qu'au travers du prisme journalistique européen, dans un courant de pensée unique. Le reportage associe plusieurs éléments tels que la guerre, le pétrole, Hiroshima, Watergate, mouvements de masses hystériques, pasteurs fortunés aux mouvements évangéliques, accompagnés d'une musique angoissante pour inciter les téléspectateurs à croire que ces mouvements américains sont nuisibles, voire dangereux. Ce traitement est tellement caricatural, prévisible, et très décevant, car en manque d'intelligence et de nuance. Le sujet est traité de manière assez naïve et les propos qu'on anticipe tellement facilement sont souvent des accusations généralisées contre les mouvements évangéliques. Ça ne donne pas du tout envie de voir la suite (épisodes 2 et 3). En trois épisodes on va certainement réussir à mettre à peu près tous les maux du monde sur le dos des mouvements évangéliques. Ceci étant, il est très rare de trouver des émissions qui traitent le sujet "évangélique" avec une certaine finesse. En somme, il n'y a rien à voir, rien de nouveau à apprendre, …

      (PS: S'il vous plait, M. Gonzalès, arrêtez de traiter un sujet que vous maîtrisez mal)

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    3. 1) Se cacher derrière l'anonymat¨
      2) Ecrire le nom de famille de M. Gonzalez avec 2 fautes d'orthographe
      3) Ne pas connaitre la vie de M. Gonzalez, "sujet que vous connaissez mal".

      Vous êtes l'épiphanie de manque de respect.

      Savez-vous qu'avant d'être sociologue, et donc professionnel, M. Gonzalez était évangélique ? Savez-vous qu'il a même était diacre dans une église évangélique ? Savez qu'il a quitté l'église évangélique parce que le pasteur américain de l'époque dans son église justifiait bibliquement la guerre en Irak de 94 du père Bush.

      Quand on sait pas... petite leçon biblique: "soyez toujours humble, doux et patients"...

      Serxius Nunes

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  4. Cher Vincent Miéville,

    je vous remercie pour votre commentaire attentif et bienveillant sur ce documentaire, que j'ai trouvé également fort bien réalisé et documenté.
    Effectivement, ces questions demeurent : quel impact de cette idéologie nationaliste identitaire sur l’évangélisme français en particulier et européen en général ? Que cherchent à démontrer les auteurs du documentaire ? Philippe Gonzalez, l’un des co-auteurs, s’en explique heureusement dans cette interview à lire sur le site reformes.ch : https://www.reformes.ch/societe/2023/04/la-reconfiguration-de-levangelisme-americain-est-entamee-depuis-15-ans-trump?fbclid=IwAR1g76Oa-kzfSRX8kbR237YMyG8iWmy3cn_NPYeL11zFW05flGONaBzZbso

    Bien fraternellement et en vous souhaitant de prochains plaisirs cinématographiques !
    Pep's

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    1. Avec joie ! Je me suis permis de vous citer dans ma propre analyse du documentaire (https://pepscafeleblogue.wordpress.com/2023/04/01/qui-sont-les-evangeliques-sont-ils-a-la-conquete-du-monde-un-documentaire-sur-arte/ ), ayant apprécié l'une de vos formules.

      Il est aussi intéressant d'apprendre, dans ce documentaire (ce qui sera peut-être une surprise pour certains), ce qui est à l’origine de l’engagement politique des évangéliques américains, lequel n’est pas l’avortement, mais…..la ségrégation !
      On le sait notamment par le livre « Bad Faith : Race and the Rise of the Religious Right » (« Mauvaise foi : race et émergence de la droite religieuse ») de l’historien Randall Balmer, relayé, entre autre, par Christianity Today et Politico.
      De quoi donner à réfléchir !

      Bien fraternellement en Jésus-Christ,
      Pep's

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  5. Bonjour Vincent,
    Merci pour tes commentaires très clairs et imprégnés de sagesse et de prudence.
    Pour ma part, mon jugement est moins pondéré.
    Je trouve l'ensemble de ces trois pseudo-documentaires lamentables. Le travail journalistique est inexistant et nous avons été les témoins d'un patchwork qui s'approche plus de la caricature que du documentaire. Je m'interroge sur les motivations des co-auteurs. Leurs buts étant ni d'informer, ni de documenter, mais de discréditer un mouvement religieux qui bien loin d'être parfait, connait une croissance qui les surprend, les dérange, les inquiète.
    ARTE, est une chaine dîtes de référence dans le domaine culturel. ll est à parier que très rapidement des commentateurs en manque d'inspiration et de connaissance du sujet feront référence à ces trois pseudo-documentaires.
    Le témoignage très imparfait des divers courants évangéliques n'a pas fini de donner du grain à moudre à tous ceux qui regrettent que le déclin du christianisme épargne pour l'instant les églises évangéliques.
    Bien fraternellement
    Pasteur Bernard Gisquet

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    1. On peut dire, en effet, que ton jugement est moins pondéré que le mien ! ;) Je ne partage pas ton analyse. Le titre choisi par Arte France, racoleur et globalisant, brouille les cartes et c'est dommage. Le documentaire est bien meilleur que son titre !

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    2. Bartolo Philippe24 avril 2023 à 19:16

      Bonjour
      Je ne suis pas aussi critique que Bernard, mais je dois dire moi aussi que certains aspects de ce documentaire m'ont plus que gêné.
      On a déjà parlé du raccourci très regrettable et caricatural entre certains évangéliques américains et les évangéliques français.
      Si je me suis réjoui de l'éclairage sur les origines européennes du mouvement évangélique et de l'apport essentiel de celui-ci dans la séparation entre la religion et l’Etat, de la mention quasi miraculeuse pour un documentaire télé sur les évangéliques de Roger Williams, et de l'éclairage sur les deux courants qui existent au sein de l'évangélisme USA, j'ai déchanté sur la suite. Un exemple : tous ceux qui ont lu la déclaration de Lausanne ne peuvent qu'être choqués en entendant que lors de ce congrès la branche évangélique "conservatrice" (liée donc à la droite chrétienne américaine) a triomphé ! Lisons et relisons les paragraphes 5 de la déclaration de Lausanne et la fin du paragraphe 6 . On est loin de la façon dont le documentaire a présenté le congrès de Lausanne. Et dans son sillage les déclarations de Manille et du Cap vont dans le même sens tout en développant largement les idées esquissées dans celle de Lausanne. La branche évangélique "conservatrice" liée à la droite chrétienne américaine qui aurait triomphé à Lausanne ? Un mensonge et une manipulation, ni plus ni moins.
      Beaucoup de choses à dire encore, mais pour finir quand même j'aurais aimé entendre bien plus d'évangéliques comme Timothy Keller, et d'autres évangéliques américains qui se démarquent clairement de la droite chrétienne américaine et du trumpisme tout en revendiquant une identité évangélique très claire, et ne remettant pas en cause le terme d'évangélique pour se qualifier. On entend et voit souvent Robert Schenk depuis quelque temps. Il y en a d'autres.
      Ceci dit, bien des aspects décrits dans ce documentaire sont hélas vrais. Je fais partie des protestants évangéliques qui se relient à Roger Williams et à l'analyse très juste qu'il fait de l'erreur fondamentale pour les chrétiens de chercher à imposer à une société toute entière des normes de vie qui ne sont adressées dans le Nouveau Testament qu'aux disciples de Jésus-Christ, lui dont le royaume n'est pas de ce monde. Confondre l'Eglise et la société (la "chrétienté"), ce que dénonce Roger Williams, c'est ce à quoi a mené l'édit de Théodose au 4ème siècle, transformant l'évangile en religion d'Etat, et faisant de l'Église une institution dominatrice et persécutrice. Quand on voit ce dont sont capables certains évangéliques de la droite chrétienne américaine, héritiers des communautés puritaines des colonies anglaises du 17ème siècle, cela fait effectivement froid dans le dos. Et quand on entend Michelle Bachmann prétendre que les manifestants ayant pris d'assaut le Capitole ne sont pas des partisans de Donald Trump, ou que Georges Floyd s'est suicidé et que sa mort n’était pas le fait des policiers, il y a de quoi sérieusement s'inquiéter !
      Bien fraternellement
      Philippe Bartolo

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    3. Merci Philippe pour ces remarques pertinentes !

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  6. Hier l’Église était contre les pauvres, aujourd’hui elle est pour le socialisme, le communisme, les travailleurs immigrés. Hier elle était pour la monarchie, aujourd’hui elle est pour la démocratie et même l’autogestion. Hier elle était pour le patronat, aujourd’hui pour les syndicats. Hier, elle prétendait détenir la vérité absolue, aujourd’hui elle dit n’importe quoi sans limite. Hier elle était pour une morale sexuelle féroce et rigide, maintenant elle est pour l’avortement, l’homosexualité etc. On peut continuer indéfiniment. J’ai déjà critiqué ailleurs cette plasticité. Il n’y a là nul “progrès” : simplement l’Église adopte sans plus les idées et les mœurs de notre société, comme elle adoptait ceux de la société d’hier ou d’avant hier. C’est la même subversion du christianisme, avec en plus l’orgueil (nous sommes les premiers à bien comprendre enfin l’Évangile, comme le proclame ingénument le bon F. Belo) et l’hypocrisie qui consiste à battre sa coulpe de chrétien sur la poitrine des générations antérieures.
    Ellul Jacques, La Subversion du christianisme, Éditions du Seuil, 1984, pp.15-16.

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  7. Il y a là de vraies questions à se poser et que nous ne devrions pas éluder, en tant que protestants évangéliques, dans notre contexte français et européen. Comment se définit, aujourd’hui, l’identité évangélique ? Comment se désolidariser et condamner fermement toute forme de politisation de l’évangélisme et toute collusion avec l’extrême droite et le nationalisme ? Comment promouvoir un évangélisme progressiste, d’ouverture et de liberté, tout en assumant pleinement une proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ? Car cet évangélisme existe, partout dans le monde, y compris en France...

    Il est urgent de se poser ces questions, pour ne pas laisser le nom d’évangéliques à ceux qui, finalement, pervertissent l’Evangile !

    Wow ! C'est votre analyse ?
    C'est très cliché !
    Je ne sais pas quoi dire quand je lis cela et je suis très attristé.
    Dieu ait pitié de nous !

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    1. C'est, en effet, une partie de mon analyse... Je ne vois pas où est le cliché mais c'est votre avis...

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  8. Bonjour,
    Je me suis posé la question suivante sur ce documentaire : quelle est l'intention des auteurs ? Et à bien réfléchir, je ne crois pas que c'est de faire connaître la réalité du mouvement évangélique dans sa diversité et sa richesse de façon très objective. Et ici, je dois dire qu'il y a un biais complètement assumé des auteurs dans ce documentaire (tryptique). J'ai visionné 2 fois la série entière et d'autre part j'ai lu le livre du sociologue Philippe Gonzales "Que ton Règne vienne. Des évangéliques tentés par le pouvoir absolu" où il critique certains mouvements évangéliques Suisses qui prient pour un changement de société (voir aussi celui de A. Gagné "Ces évangéliques derrière Trump"). En tant que sociologue et expert du "sujet" P. Gonzales fait office dans ce documentaire de "conseiller scientifique" et c'est la raison pour laquelle je pense qu'il y a là un biais, un peu comme quand vous cherchez qque chose sur internet et que l'algorithme surpuissant de Google vous invite à croire que ce qu'il vous sert correspond parfaitement à ce que vous cherchez. Je donnerai un seul exemple (mais il y en a beaucoup d'autres dans ce doc, Philippe Bartolo les a évoqués ci-dessus) : sur la première venue de B. Graham en France au Vel d'hiv en 1955, l'analyse de la prédication de Graham utilise le biais d'un commentaire que Roland Barthes (philosophe,1915-1980) avait donné et Philippe Gonzales cite ce commentaire quasi verbatim : " en écoutant Graham il a eu l'impression d'écouter un commercial... la théologie est dégradée au rang de slogan " P. Gonzales s'empresse alors de dire "et c'est vrai" puis de citer de nouveau Barthes "cette campagne d'évangélisation au Vel d'hiv a été un épisode mackartiste". Même si il est vrai que Graham a pu être sollicité politiquement à ces débuts, là on est dans la caricature qui sert le message que veut faire passer Gonzales. En tous cas, je ne sais pas où se situe l'expertise en théologie de Barthes pour analyser la prédication de Graham mais elle doit être loin du discernement objectif, par contre, elle peut effectivement servir l'intention des auteurs du documentaire... d'ailleurs les courts extraits qui sont donnés de sa prédication au Vel d'Hiv sont quelques phrases qui sont censées servir le projet des auteurs mais qui ne disent rien d'un projet politico-religieux de graham et de son équipe.
    Je pense qu'un sociologue tel que Sébastien Fath aurait été plus objectif dans le sens d'un réel recul critique, qui tout en montrant les dérives politico-religieuses de certains mouvements évangéliques comme le fait très bien ce doc, aurait aussi décliné l'évangélisme français autrement qu'en l'assimilant à la culture évangélique de la moral majority américaine.
    Paix et joie dans le Christ.


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    1. Bien-sûr que l'objectif du documentaire n'est pas de faire une présentation objective de l'ensemble du mouvement évangélique. Le titre français est ici trompeur et c'est regrettable.
      Concernant Sébastien Fath, il a justement publié une analyse, qui est d'ailleurs assez élogieuse pour le documentaire ! https://obsreligion.cnrs.fr/focus/nationalisme-chretien-evangelique-etats-unien-un-documentaire-arte-de-thomas-b-johnson-et-philippe-gonzalez-qui-fait-date

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  9. Si "l'objectif du documentaire n'est pas de faire une présentation objective de l'ensemble du mouvement évangélique." je m'en doutais un peu, pourquoi alors faire de coutes excursions - ou apparitions "furtives" comme le dit S. Fath - vers des églises évangéliques en France ? La matière était suffisamment abondante pour traiter de la collusion de ces évangéliques américains avec le pouvoir, pourquoi dès lors toutes ces apparitions "furtives" mais néanmoins bien ciblées vers d'autres pays. Je persiste à voir là un biais assumé et un message idéologique. Je pense que ceux qui visionneront ce documentaire auront beaucoup de difficultés à ne pas assimiler les églises évangéliques françaises avec ce qui est présenté dans le doc. La preuve c'est que l'étiquette "évangélique" à l'air de poser maintenant un souci pour des évangéliques qui ne se retrouvent pas dans ce qui est présenté alors qu'il était au départ un positionnement théologique sur la question du statut accordé aux Ecritures face au libéralisme.
    Enfin je suis toujours gêné quand j'entends dire d'une personne qui ne partage pas les valeurs de la normalité rampante qu'elle fait partie de celles qui ne sont pas "ouvertes", chacun met le curseur où il veut sur le spectre de l'ouverture et il n'est pas certains que ceux qui se réclament de l'ouverture ne soient pas plus obtus dans leurs préjugés.
    En fait au delà de la question du contenu, de la pédagogie et de la richesse des archives de ce documentaire, un acte de communication tel qu'un documentaire télévisuel de ce niveau, aura un impact considérable qu'on le veuille ou non, qu'on le regarde avec sympathie ou critique, rien n'est neutre, anodin. D'où je trouve très regrettable ce titre racoleur "Les évangéliques à la conquête du monde"

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  10. Est-il normal que nous soyons forcé de définir notre identité sur un critère politique suite à un reportage qui prétend nous définir à partir de la politique ?

    Les évangéliques sont par essence Apolitiques, à cause de notre conception du salut et de la conversion : C'est notre sotériologie qui nous définit. Même notre écclesiologie est floue, car elle découle de notre sotériologie.
    Mais vous voudriez que nous définissions une théologie politique (progressiste si je comprends bien) alors même que nous n'avons pas définit d'écclesiologie claire ? ( Et nous savons tous que nos théologies politiques sont fortement liées à l'écclesiologie) .

    C'est une mauvaise idée. Notre diversité politique vient du fait que nous sommes tous des pêcheurs sauvés, issus de toutes langues, toutes nations, et tous milieux sociaux et culturels, et donc avec des représentations politiques différentes. Car la politique est pour nous une chose passagère. C'était la position politique des premiers chrétiens, celle des anabaptistes du xvieme . Ça doit rester la nôtre : donc les opinions politiques sont libres mais les idolâtries politiques sont un péché.

    Je suis ouvert pour discuter de ce sujet, ce reportage m'inquiète également.
    ilan.razanajohary@gmail.com

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    1. Je ne pense pas que le documentaire cherche à définir les évangéliques en général sur un critère politique. Il décrit l'évolution d'une partie de l'évangélisme et ses dérives dans le rapport au politique et, plus précisément, au pouvoir. Le titre français, malheureux, est trompeur... Je suis, en tant que libriste, très attaché à une séparation stricte entre l'Eglise et l'Etat et donc au refus de toute collusion ou confusion avec le pouvoir politique. Je demande d'ailleurs, dans mon billet, "comment se désolidariser et condamner fermement toute forme de politisation de l’évangélisme". C'est bien d'ailleurs ce que dénonce le documentaire... La formule "évangélisme progressiste", que j'emprunte au docuentaire, me semblait intéressante (mais elle peut, certes, porter à confusion). Je la comprend comme une compréhension ouverte du rapport au monde, à la société, à la culture...

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