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Affichage des articles du 2017

Dans la crèche de Noël...

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Une image a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux en ce temps de l'Avent. Il s'agit d'une crèche vide, où l'on trouve seulement un âne et un boeuf, avec comme légende (mais il y a des variantes) : "Crèche de Noël sans Juifs, sans Arabes, sans Africains ni migrants." Avec humour, cette image permet de souligner combien le message de Noël garde une pertinence particulière aujourd'hui. D'une certaine façon, dans les récits bibliques de la Nativité, Jésus est bien né dans une famille de "migrants" en situation précaire, et ce sont les petits à travers les bergers, puis les étrangers à travers les mages, qui sont venus l'adorer. Ceux qu'on a tant de mal à accueillir aujourd'hui, ceux qu'on oublie ou qu'on réduit au silence, ceux qui sont la cible de haine et de discrimination, trouvent une place dans la crèche. N'est-ce pas aussi cela le message de Noël ? Si nous croyons à la dimension universelle de l'Evangile

La tentation du Notre Père

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Le 3 décembre prochain, la nouvelle version du Notre Père entrera officiellement en vigueur dans l'Eglise catholique. A l'approche de cette date, une chronique radio d'un philosophe médiatique, Raphaël Enthoven, a animé les réseaux sociaux (avec la « finesse » qu'on leur connaît...). Son interprétation pour le moins discutable, aux accents complotistes regrettables, prétend qu'en ôtant le verbe "soumettre", l'Eglise catholique se montrerait sournoisement islamophobe (puisque le mot Islam signifie soumission !). Il faut avouer que j'ai déjà entendu le philosophe être plus inspiré... Car le débat sur cette demande du Notre Père n'a évidemment rien à voir avec l'islamophobie. La demande devient "Ne nous laisse pas entrer en tentation" (à la place de "Ne nous soumets pas à la tentation"). Mais sa traduction n'est pas évidente. Pour s'en convaincre, il suffit de lire les différentes versions françaises de la Bibl

Retour sur Protestants en Fête

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Du 27 au 29 octobre, j'étais à Strasbourg pour Protestants en Fête (PEF), le grand événement en France de l'année de commémoration des 500 ans de la Réforme protestante. Trois jours intenses et riches, par le programme proposé, l'organisation impeccable, les rencontres nombreuses (et les retrouvailles d'amis que je n'avais parfois pas vus depuis plusieurs années). Passons rapidement sur l'inauguration du village des fraternités, place Kléber. Il y avait du monde mais ça se passait sous la tente principale, ne pouvant accueillir que quelques dizaines de personnes. Les autres, dehors, n'ont pas vus grand chose, même s'ils ont entendu les prises de paroles des officiels. Un peu frustré, donc. Par contre, l'étape suivante était prestigieuse. J'ai eu le privilège d'assister, avec quelque 500 personnes invitées, à la cérémonie d'ouverture officielle de PEF, dans l'hémicycle du conseil de l'Europe. Un cadre prestigieux pour une cér

Le dialogue n'est jamais un danger

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Depuis deux ans et demi, je participe, avec bonheur, au groupe de conversations catholiques-évangéliques. Or, ce groupe vient de faire paraître un petit ouvrage que je vous recommande chaudement : "Évangéliser aujourd'hui : des catholiques et des évangéliques s'interpellent" (une coédition Excelsis et Salvator). Je me réjouis d'autant plus de cette parution qu'elle constitue un véritable petit événement au niveau de la France. Alors que depuis longtemps certains travaillent au dialogue, ce livre est le résultat de conversations officielles entre catholiques et évangéliques (les membres catholiques sont nommés par la Conférence des Évêques de France et les membres évangéliques par le Conseil National des Évangéliques de France). Et cela témoigne d'une évolution positive dans la connaissance mutuelle en France des catholiques et des protestants évangéliques. Bien-sûr, des résistances existent encore (des deux côtés !), des craintes aussi... mais quand de

Quelques échos du colloque Protestantismes - convictions et engagements

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Les 22 et 23 septembre, j'étais à l'hôtel de ville de Paris pour assister au colloque "Protestantismes - Convictions et engagements." En voici un écho personnel, forcément subjectif. Le colloque se voulait avant tout historique et il l'a été de façon stricte le premier jour. Les intervenants, historiens de renom, étaient remarquables, les exposés denses. Parfois un peu secs peut-être : le pasteur que je suis a trouvé qu'il manquait un peu de théologie et de spiritualité... Mais je dois avouer qu'à la fin de l'après-midi, je ne pouvais me départir de la sensation que jusque là le colloque avait quand même un petit goût d'autosatisfaction protestante ! Mais pourquoi pas... on n'a pas tous les jours 500 ans ! En tout cas, l'événement était ensuite, en début de soirée, la venue d'officiels, à commencer par Anne Hidalgo, la maire de Paris (qui avait déjà accueilli les participants au colloque en début d'après-midi) et, surtout, le

Conversion écologique ?

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Le mois de septembre est le mois de la sauvegarde de la Création. Depuis quelques années, le 1er septembre est décrété journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création, une initiative oecuménique à laquelle participent orthodoxes, catholiques et protestants. Cette année, le 16 septembre verra en plus en France être lancé officiellement un « label Eglise verte » ( www.egliseverte.org ). Martin Kopp, coordinateur du groupe climat à la Fédération Protestante de France, explique la démarche dans une interview parue dans le journal La Croix  le 6 août dernier : D’abord, on établit en ligne son « éco-diagnostic » par le biais d’un questionnaire à choix multiples qui couvre cinq thèmes : les célébrations et la catéchèse, les bâtiments, les terrains éventuels de la paroisse, l’engagement communautaire et global et les styles de vie des individus. En fonction du résultat, l’Église situe son niveau dans « la conversion écologique » . Conversion. Le mot est lâché ! Dans les Egl

Charlottesville et la loi Godwin

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Vous devez connaître la loi Godwin selon laquelle "plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1." (source : wikipedia ). Le point Godwin est atteint lorsqu'un interlocuteur ne trouve plus rien d'autre comme argument qu'une analogie extrême... et qu'il se discrédite par la même occasion. Le revers de la médaille, c'est qu'on n'ose plus, parfois, appeler un chat un chat... C'est pour cela que quelqu'un a interpellé, sur les réseaux sociaux, Mike Godwin, l'inventeur de la loi qui porte son nom à propos des événements de Charlottesville. Et sa réponse ne s'est pas faite attendre, sur Twitter : "Vous pouvez comparer ces tête de merde ("headshits") à des nazis. Encore et encore. Je suis avec vous. " Evidemment, cela tranche avec les déclarations pour le moins ambiguës de Donald Trump sur le même sujet ! Des

Un bon évangélique ?

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Parfois, j'ai l'impression de ne pas être un bon évangélique... Je ne me reconnais pas dans certaines prises de positions, dans ce que je lis régulièrement sur les réseaux sociaux de la part d'évangéliques… Et je ne parle même pas de l'image qu'en renvoient les médias (même si c'est mieux qu'il y a quelques années) ! Je suis aussi mal à l'aise avec ce qui est souvent mis en avant aujourd'hui comme marqueurs évangéliques, comme les questions d'éthique sexuelle et familiale, ou l’exégèse de certains textes bibliques particuliers (les premiers chapitres de la Genèse, ceux qui parlent de la place et du rôle des femmes...). Comme si être évangélique aujourd'hui, c'est être anti-avortement, anti-mariage homosexuel, anti-évolutionnisme et anti-féminisme. Essentiellement réactionnaire, donc... Je ne développerai pas ici ces questions mais cela mériterait, et c'est un euphémisme, quelques nuances ! En tout cas, je refuse de les considérer

A propos de l'avis du CCNE sur la PMA

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Sans surprise, le comité consultatif national d'éthique (CCNE) a donné un avis favorable à l'accès de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, y compris pour les couples de femmes et les femmes célibataires. Depuis l'adoption du mariage pour tous, on ne voit pas comment les choses pouvaient aller autrement... Et les anti-mariage pour tous ont vite fait de ressortir les vieux slogans : autoriser la PMA pour toutes, c'est le premier pas vers l'autorisation de la gestation pour autrui (GPA) ! Sauf que ce n'est pas l'avis du CCNE... En effet, le comité émet un avis nuancé. Même sur la PMA, il y a eu des débats internes et la décision ne s'est pas faite à l'unanimité (environ un tiers du comité y était opposé). L'avis du CCNE est aussi assorti de « points de butée » dont il faut tenir compte, comme les conséquences pour l'enfant ou le risque de marchandisation accrue. Il suggère même de tenir compte de la situation diffé

Confession d'un cyber-prédicateur

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Je le confesse, ça fait pas mal d'années que je mets mes prédications en ligne sur Internet... et j'aime bien ça ! Au début, je le faisais de temps en temps. Maintenant, je le fais systématiquement. J'ai même créé un blog spécifique où je les poste, en version audio et écrite ( www.predicationsdevincent.blogspot.com : allez y faire un tour...) et elles sont aussi sur le site de l’Église évangélique libre de Toulouse, où je suis pasteur. Par ailleurs, je les partage systématiquement sur les réseaux sociaux. Et en mode public, en plus ! Je me demande, du coup, si cette pratique de cyber-prédicateur a fait évoluer ma prédication. C'est possible... Je sais bien que n'importe qui peut y tomber dessus sur Internet... et je trouve ça très bien ! C'est même une chance incroyable ! De toute façon, une église est un lieu public. Et particulièrement dans une grande ville, je ne connais pas forcément toutes les personnes qui y sont présentes pour entendre ma prédicati

Le retour de mes blog-notes...

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J'avoue avoir été un peu piqué au vif par l'article de Serge Carrel sur le site de la FREE, chez nos voisins suisses romands : "A quand une présence plus marquée des Eglises évangéliques françaises sur le web ? ". D'autant qu'il m'interpelle directement... J'avais bien publié quelques billets, appelés "blog-notes", sur PLVmagazine, le webzine de l'UEEL aujourd'hui inactif. Mais depuis plusieurs mois, plus rien... Pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manquait (le temps, peut-être...). Il faut dire que je me suis astreint à un devoir de réserve (à cause de mes fonctions pastorale et de président de la commission synodale de l'UEEL) pendant la période des présidentielles. Mais j'étais atterré, voire scandalisé, par les propos tenus par certains blogueurs, "journalistes" ou simples internautes évangéliques : des propos outranciers, voire délirants, notamment à propos d'Emmanuel Macron perçu comme l'a